- débraillé
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• v. 1508; de dé- et a. fr. braiel, brail; de braie1 ♦ Dont les vêtements sont en désordre, ouverts ou mal fermés. Être tout débraillé. « Toujours débraillée et décoiffée » (Rousseau). — Par ext. Tenue, mise débraillée. ⇒ 2. négligé.2 ♦ Fig. D'une liberté d'allure excessive; sans tenue. Des manières débraillées. Un air débraillé. Une allure débraillée. — Conversation débraillée, libre, sans retenue.3 ♦ N. m. État de ce qui est débraillé. Le débraillé de sa tenue. ⇒ désordre, laisser-aller, 1. négligé. Se mettre en débraillé. Les genres « qui s'accommodent le mieux du débraillé dans la pensée et dans l'écriture » (Caillois).⊗ CONTR. Correct, décent, strict.débraillé, éeadj. et n. m.d1./d adj. Dont les vêtements sont en désordre. Un enfant sale et débraillé.|| Négligé, sans soin. Une allure, une tenue débraillée.|| Fig. Des manières débraillées, trop libres, inconvenantes.d2./d n. m. Mise négligée.|| Fig. Le débraillé du style.⇒DÉBRAILLÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.I.— Part. passé de débrailler.II.— Adj. et subst.A.— Adj. [En parlant de pers.] Dont les vêtements sont en désordre, ouverts ou retroussés au point d'avoir l'air négligé ou indécent. Un homme tout débraillé, une femme débraillée (Ac.). La bonne fille rousse dont la gorge débraillée s'en va de sa chemise, comme sa chevelure de son bonnet (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 342) :• 1. Les polissons de la ville étaient devenus mes plus chers amis (...) j'avais leur façon et leur allure; j'étais vêtu comme eux, déboutonné et débraillé comme eux; mes chemises tombaient en loques...CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 46.— P. méton., rare. [En parlant d'un vêtement] Honoré sortit avec un pantalon rapiécé et débraillé par devant (AYMÉ, Jument, 1933, p. 134). Il courut ouvrir, tout échevelé, le pyjama débraillé (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 262).— Au fig. Qui montre du laisser-aller, de la négligence, parfois de l'indécence. Langage débraillé, manières débraillées. Honoré introduisait dans cette honnête réunion de famille une joie débraillée et agressive (AYMÉ, Jument, 1933p. 158).B.— Subst. masc. sing. Aspect désordonné ou négligé de quelqu'un ou de quelque chose :• 2. J'entre en Italie (...) je reconnais un à un les signes de son approche (...) Ce sont les premiers linges tendus dans les cours, le désordre des choses, le débraillé des hommes.CAMUS, L'Envers et l'endroit, 1937, p. 95.♦ En débraillé. Certains [étudiants] (...) affectaient de sortir en débraillé, sans cravate, de laisser descendre trop bas un pantalon qui s'effrangeait derrière les talons (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 21).— Au fig. Ce débraillé judéo-latin (extérieur) qui horrifie et fascine le décent nordique, parce qu'il témoigne du débraillé intérieur (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1507) :• 3. On ne peut plus même dans une boîte de nuit classer les gens dans telle ou telle classe sociale (...) en se référant au débraillé du langage qu'affectent les malfaiteurs de la bourgeoisie...H. BAZIN, La Tête contre les murs, 1949, p. 213.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. desbraillé; ds Ac. 1740-1878 sous la forme moderne. Fréq. abs. littér. :199.
débraillé, ée [debʀɑje] adj.❖1 Dont les vêtements sont en désordre, ouverts ou mal fermés. ⇒ Négligé. || Il est tout débraillé. || Poitrine débraillée. — Par métonymie. || Robe débraillée. || Tenue, mise débraillée.1 Toujours débraillée et décoiffée.Rousseau, les Confessions, II.2 Un vieux Belge, débraillé, coiffé d'un képi, faisait, avec un arrosoir, des huit sur le dallage poussiéreux.Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 50.♦ N. m. || Le débraillé de sa tenue, de ses manières. ⇒ Débraillement, désordre, laisser-aller, liberté, négligé. || Le débraillé artistique. || Se mettre en débraillé.2 Fig. D'une liberté d'allures excessive; sans tenue. || Des manières débraillées. || Vie, mœurs débraillées. ⇒ Libre. || Avoir un air débraillé. || Le genre débraillé. ⇒ Bohème. || Allure débraillée.3 Le gilet de piqué, surchargé de broderies saillantes, ouvert, boutonné par un seul bouton sur le haut du ventre, donnait à ce personnage un air d'autant plus débraillé que ses cheveux noirs, frisés en tire-bouchons, lui cachaient le front et descendaient le long des joues.Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 459.4 (…) les gens débraillés qui croient faire preuve d'indépendance.Baudelaire, Curiosités esthétiques, XIII.5 (…) le jour d'un grand match de rugby est un jour de licence, où l'on a le droit de redevenir celui qu'on est resté, profondément, sous le vernis de la maturité et de la réussite sociale : un jeune Méridional débraillé.Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 15.♦ Conversation débraillée, libre, sans retenue.❖CONTR. Correct, décent, distingué, modeste, recherché, réservé.
Encyclopédie Universelle. 2012.